Trop jeunes pour la retraite, mais trop vieux pour trouver un emploi : malgré une expérience professionnelle souvent très riche, ces seniors se retrouvent coincés dans les limbes d’une discrimination qui ne dit pas son nom.
Entre réticences des employeurs et peur du déclassement, Betuned a enquêté sur ceux que les clichés et préjugés mettent au rebut professionnel un peu trop tôt et vous donne quelques conseils pour terminer votre carrière en beauté si — comme moi — vous avez déjà quelques rides au front.
Autrement dit : comment en est-on arrivés à considérer l’âge comme un critère de discrimination ?
En 2018, le taux d'emploi de ceux que le gouvernement appelle pudiquement « les travailleurs expérimentés » n'était que de 52,1 %. En moyenne, entre l'âge de 50 ans et la retraite, les Belges passent deux ans sans activité ! Pour beaucoup de seniors, le chômage est même devenu la dernière étape avant la retraite.
Depuis plus de trente ans, la perception de l'âge des candidats par les recruteurs a été altérée. Le report progressif de l’âge du départ à la retraite depuis les années 1980 et l'essor des préretraites — largement financées par les fonds publics — dans les années 85-95 ont laissé une empreinte profondément négative sur l'inconscient collectif des professionnels du recrutement en Belgique.
Aujourd’hui, en moyenne, un demandeur d’emploi de plus de 50 ans va rester au chômage pendant 1 042 jours, soit presque trois ans !
Et chacun cherche à rejeter la faute sur l'autre.
→ Les chasseurs de têtes affirment que ce sont les DRH (leurs clients) qui exigent des candidats plus jeunes, tandis que les DRH mettent en avant la volonté de leur patron (ce sont les ordres), souvent d'un certain âge, de s'entourer de jeunes professionnels.
→ Les CEO expliquent quant à eux que les actionnaires les poussent à recruter des candidats plus jeunes pour investir dans l'avenir.
→ Et demain, ce seront sûrement les logiciels de recrutement qui seront mis en cause !
En privé, les recruteurs évoquent de nombreuses raisons pour justifier leur réticence à embaucher des candidats de plus de cinquante ans : salaires élevés, motivation affaiblie, énergie réduite, fatigue accrue, capacité d'adaptation limitée, état de santé dégradé, résistance aux outils numériques, etc.
Mais qu’en est-il vraiment ?
Quand il s’agit d’évoquer les seniors au travail, les idées reçues ont la vie dure. Pourtant, rappelez-vous, alors que la crise sanitaire battait son plein, combien de médecins, infirmiers et autres professionnels de la santé retraités sont venus rejoindre les rangs des actifs surmenés et épuisés ?
C’est sûr que par rapport à Philippe, le stagiaire de fin de première année, Jean-Michel, 58 ans, va nous coûter un peu plus cher. Oui, mais Jean-Michel a 20 ans d’expérience dans les systèmes de ventilation et il est le seul à savoir réparer une chaudière BX54 sans qu’on ait besoin de la renvoyer au constructeur. L’expérience à un coût.
Autrefois, les cadres bénéficiaient d'une évolution salariale progressive liée à leur ancienneté. Mais cette pratique tend à disparaître, en partie à cause du nombre croissant de seniors sur le marché de l'emploi et des changements dans le monde professionnel.
Aujourd'hui, la rémunération est principalement basée sur le poste occupé, les missions assignées et le niveau de performance atteint. Pour maintenir les cadres performants, les salaires doivent suivre les tendances du marché, indépendamment de l'âge des collaborateurs. Cela montre bien que la compétence et l'expérience ont un coût.
D'ailleurs, il est important de souligner que les seniors ne sont pas ceux qui cherchent le plus à augmenter leur salaire. Au contraire, trois candidats seniors sur quatre se disent prêts à accepter une rémunération inférieure. Ils seraient également disposés à changer de fonction ou même d'entreprise. Les seniors sont-ils donc rigides et inflexibles ? Eh bien, les chiffres semblent prouver le contraire !
Ah, les seniors et l'informatique... Un sujet qui continue de susciter bien des débats ! Il est vrai que dans les médias, on a souvent tendance à les représenter comme des dinosaures perdus devant un écran d'ordinateur.
Bon, c’est vrai que l’arrivée de ChatGPT va laisser quelques quinquas sur le carreau. Mais tous les jobs du monde ne sont pas autant exposés à la déferlante de l’IA. Et les seniors d'aujourd'hui ne sont pas ceux d'hier, ils ont grandi avec les outils informatiques et ils savent s'en servir, aussi bien que les jeunes !
→ Bien sûr, avec la multitude d'outils et de logiciels qui existent aujourd'hui, il est possible qu'un candidat, qu'il soit senior ou junior, ait besoin d'une formation spécifique pour maîtriser tel ou tel outil. Et alors, à quoi servent vos onboardings et autres programmes de e-learning ?
Alors là, attention, ce genre d’argument peut vous mener jusqu’au tribunal. C’est comme si vous disiez que vous recrutez en priorité des hommes parce que les femmes tombent enceintes trop souvent…
Et puis, si vos salariés tombent souvent malades, peut-être que le sujet de la pénibilité au travail mérite d’être pris plus au sérieux ?
Les seniors manquent de dynamisme ?
Il existe un stéréotype selon lequel les seniors manqueraient de dynamisme, de force ou d'endurance. Cependant, cette croyance repose sur une confusion entre performances physiques et performances professionnelles. Bien que les performances physiques puissent effectivement diminuer avec l'âge, l'énergie, la volonté et en fin de compte l'efficacité ne sont en aucun cas liées à l'âge, mais plutôt au tempérament individuel.
« À 60 ans, un salarié en bonne santé dispose encore de 80 % des potentialités dont il disposait à 20 ans. » (Étude, ANACT 2018)
Il est tout à fait possible qu'un candidat de 50 ans soit plus motivé et performant qu'un candidat de 30 ans. Par conséquent, lors d'un entretien de recrutement, l'entreprise doit évaluer la motivation du candidat et sa capacité à maintenir un rythme de travail élevé si cela est nécessaire pour le poste.
Enfin, si le poste exige effectivement une condition physique exceptionnelle, seule l'évaluation du médecin du travail peut juger de l'aptitude ou de l'inaptitude d'un candidat à occuper le poste.
Autre idée reçue : un senior ne pourra pas s'intégrer dans une équipe composée de membres plus jeunes. Pourtant, cette croyance est infondée. En effet, l'idée que les personnes de même génération s'entendent mieux est un stéréotype, tout comme la supposition que les personnes âgées ont du mal à s'adapter à un nouvel environnement.
La résistance au changement est une caractéristique individuelle qui n'est pas liée à l'âge. Ainsi, il est important d'évaluer les compétences comportementales, telles que la capacité d'adaptation ou l'ouverture d'esprit pour garantir une intégration réussie.
Par ailleurs, la diversité des générations au sein d’une organisation représente une opportunité réelle. Les entreprises qui pratiquent la diversité, que ce soit en termes d'âge, de culture ou de sexe, sont plus performantes, car elles sont plus agiles et peuvent dépasser les limites d'une pensée homogène pour innover plus rapidement.
Alors que faut-il faire pour trouver un job quand on approche la cinquantaine ? Certains trafiquent leurs CV, d’autres se teignent les cheveux pour afficher quelques années de moins. Plus sérieusement, si vous êtes un senior à la recherche d'un emploi, voici trois conseils pour vous aider à augmenter vos chances de réussite.
Tout d'abord, il est conseillé de cibler des entreprises qui prônent la diversité et l'inclusion. En effet, en vous adressant en priorité à ces entreprises, vous pourrez mettre en avant votre expérience et votre maturité en leur disant que vous incarnez à votre façon leurs valeurs. N'hésitez pas à mentionner votre âge et à expliquer en quoi votre profil peut être un atout pour l'entreprise.
Il est important de se former aux nouvelles technologies, car elles sont partout. C'est une préoccupation majeure pour de nombreux recruteurs. Pour les rassurer sur vos compétences en la matière, envisagez de suivre une formation complète ou de vous faire aider sur des points très précis, y compris par des bénévoles. Cela montrera que vous êtes disposé à apprendre et à vous adapter aux nouvelles technologies.
Quel que soit l’âge, se retrouver au chômage isole celui qui en est victime. Mais il est crucial de ne pas ruminer vos échecs. Il est important de ne pas les garder pour vous, mais d’en parler avec vos proches ou même avec des anonymes. En allant puiser de la force chez les autres, vous pourrez rebondir plus facilement et trouver la motivation nécessaire pour continuer à chercher un emploi.
Le networking est l'arme absolue des seniors en recherche d'emploi. En effet, face à la discrimination liée à l'âge, il est essentiel de faire jouer ses contacts. Bien sûr, il est important de solliciter les chasseurs de têtes, les cabinets de recrutement et de rester à l'affût des offres d'emploi sur les jobboards. Cependant, le réseau est la solution la plus efficace pour trouver un emploi, car mathématiquement, vous avez rencontré beaucoup plus de monde dans votre vie que Philippe, notre gentil stagiaire !
Et si vous êtes recruteur, faites comme Jarvis Cocker : “help the aged” !
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On dit que le mieux est l’ennemi du bien.